La session d‘été a mis en évidence: les pôles se sont écartés de la politique constructive. Une alliance contre nature entre le PS et l’UDC a enterré la révision de l’AI, la Lex USA et les mesures d’assainissement des finances fédérales. L’UDC en particulier essaie désormais de se distancer de ses échecs à l’aide de communiqués douteux. Cela n’a plus rien à voir avec une politique sensée et constructive dans l’intérêt du pays. « Celui qui veut arriver à des solutions doit être prêt à faire des compromis. Celui qui s’obstine à camper sur ses positions idéologiques bloque tout et ne fait rien avancer d’un pas. » souligne la conseillère nationale Marianne Streiff (PEV, BE). « Pour tous » et « Pour la Suisse », mon œil !
L’incapacité de la gauche et de la droite, à dépasser leurs propres réticences et à se remettre en question, n’augure rien de bon pour les réformes futures. Si les partis des extrêmes continuent de camper sur leurs revendications maximales et rejettent catégoriquement chaque projet qui ne correspond pas à leur pure doctrine, même la moindre des décisions posera problème. C’est une force de la démocratie suisse de concordance que de trouver des solutions grâce à des coalitions variables. Si cela se perd, il faut s’attendre à un blocage des réformes. C’est d’ores et déjà partiellement le cas dans la politique de la santé. Il sera également difficile de trouver une nouvelle solution pour l’AI et on peut déjà prédire que la grande réforme de la prévoyance vieillesse ne sera rendue possible qu’avec de grands efforts.
En rapport à la construction du pont Golden Gate, l’historien américain Kevin Starr a déclaré: « Un tel projet serait impossible de nos jours. Notre politique est tellement polarisée que nous ne sommes plus capables de réaliser quelque chose d’exceptionnel. Un Golden Gate Bridge serait actuellement un projet audacieux non réalisable. » Celui qui a suivi la session d’été du Conseil national doit admettre que nous ne sommes, en Suisse, pas très loin de cette description. Le PS et l’UDC doivent naturellement regarder à plaire à leurs électorats. Cependant, celui qui croit pouvoir manipuler et faire chanter le parlement à chaque fois rend un fort mauvais service à l’intérêt commun. C’est ne se fonder que sur le court terme et être irresponsable.
Il est dès lors clair: celui qui espère des solutions, doit à l’avenir voter pour le centre. Les voix de ceux qui veulent renforcer les forces constructives, qui sont vraiment intéressés au succès de notre pays et au bien-être de la population n’ont pas à se perdre chez les partis des extrémités. Il n’y a qu’un remède pour prévenir les alliances contre nature: Renforcer le centre, pour que les forces centrifuges puissent remporter des majorités.
Berne, le 21 Juin 2013/nh/mc