Quand le bien commun devient un jeu de hasard

Lancée la semaine passée, l’initiative « Pour des jeux d’argent au service du bien commun »veut que les cantons soient prestataires et instances de surveillance en même temps. Pour le PEV, ce double jeu est dangereux et condamnable ! Il demande que la révision de la loi sur les loteries débute enfin.

« Pour des jeux d’argent au service du bien commun » - tel est le titre d’une initiative populaire que la Loterie Romande a lancée la semaine passée. Elle demande une modification de la Constitution dans le sens que les cantons seront dorénavant en charge des loteries. La Confédération ne pourrait plus légiférer dans ce domaine mais uniquement fixer des principes de base. C’est un jeu dangereux et condamnable auquel jouent les cantons : d’un côté ils organisent, via les monopoles Swisslos et Loterie Romande, des loteries d’envergure, de l’autre côté ils veulent assumer eux-mêmes la surveillance de ces sociétés. Les cantons seront prestataires et instances de surveillance en même temps : ils seront naturellement poussés à vouloir augmenter le bénéfice des sociétés de jeu qui sont sous leur surveillance.

 

Nous ne pouvons pas surestimer le danger des loteries : là où il y a un bénéfice pour la société de jeu, il y a une perte financière pour le joueur. Tant il s’agit de petits montants volontairement mis en jeu cela ne devrait pas nous concerner. Tant pis pour le joueur ! Mais dès que nous décelons des signes de dépendance, que la famille souffre et que les impôts restent impayés la communauté doit agir : pour protéger et aider les personnes concernées et leurs proches, mais précisément aussi pour servir le bien commun. Les cantons n’ont pas encore fourni la preuve de bien vouloir s’engager contre la dépendance au jeu. Au contraire : la décision de la commission fédérale des maisons de jeu d’autoriser les appareils Tactilo seulement dans des maisons de jeu à cause du meilleur contrôle qu’ils garantissent a été contestée par les cantons devant le Tribunal fédéral. N’oublions pas que les experts qualifient le Tactilo comme un jeu à très fort caractère dépendogène, un jeu « non-stop » ruineux. Malgré tout cela, les cantons n’hésitent pas à présenter leur initiative sous www.biencommun.ch: ils auraient difficilement pu trouver une étiquette plus questionnable pour cette initiative avec laquelle les cantons cherchent à mettre la main sur les bénéfices des sociétés de jeu.

 

Le PEV appelle la Conseillère fédérale en charge, Mme Eveline Widmer-Schlumpf, d’entamer enfin la révision de la loi sur les loteries. Le principe doit être le suivant : tous les jeux à fort caractère dépendogène ne peuvent être joués que dans des maisons de jeu qui permettent une surveillance adéquate des personnes en proie à une dépendance et qui peuvent leur interdire l’accès. Le caractère dépendogène d’un jeu se caractérise par des gains immédiats qui sont, en règle général, réinvestis dans un billet de loterie ou un jeu – le jeu « non-stop » ruineux mentionné plus haut.

 

L’initiative parlamentaire déposée en juin 2004 par Heiner Studer, président du PEV Suisse, doit servir de base pour la révision de la loi. Elle exige la refonte de la loi afin de disposer d’un outil adéquat et porteur d’avenir. La loi révisée doit pallier aux lacunes de la loi actuelle, obliger à la transparence, améliorer la séparation des pouvoirs et renforcer le volet prévention et lutte contre les dépendances.

 

Zurich, le 2 mai 2008/nh/sh