Politique financière sans valeurs : la déroute !

Le Parti Evangélique est abasourdi par le plan de sauvetage pour l’UBS proposé par le Conseil Fédéral et par l’acquiescement tacite des autres partis. Il estime que le financement du plan de sauvetage est mal réfléchi, opaque et se fera finalement sur le dos des générations à venir.

Ce n'est plus un secret: la finance a mal à ses valeurs. L'avidité et la recherche de gains à court terme ont mené des banques reconnues à la faillite, et les apôtres de la globalisation et du néolibéralisme sont maintenant les premiers à demander l'intervention des gouvernements pour sauver la mise (et leur bonus, si possible). Le Conseil fédéral vient de céder, lui aussi, et propose de partager les risques des banques impliquées. Personne ne semble pour le moment se soucier de qui paiera la note à la fin.

 

Le Parti Evangélique est absolument d’accord d’augmenter la protection des épargnants. Reconnaissant l’importance de l’UBS pour l’économie suisse, il soutient aussi la participation proposée de 6 milliards de la Confédération, si cela peut contribuer à la confiance interbancaire et si cette participation peut être cédée en temps voulu à des investisseurs privés pour un prix au moins équivalent.

 

Mais les contes de fée du Conseil fédéral pour nous vendre un crédit sur le dos des générations futures dépassent les limites: 

  • Les gains aux managers, les pertes à l’Etat : ce sont maintenant les contribuables qui trinquent pour les risques spéculatifs pris par les requins de la finance. A l’époque des bonus mirobolants, le marché avait pourtant toujours raison !
  • « La Confédération augmente la part des fonds propres de l’UBS » : c’est un pur mensonge ! L’UBS est obligée d’investir les 6 milliards apportés dans la société ad hoc pour gérer les actifs pourris. C’est le monde à l’envers : il serait plus sain que la Confédération détermine le niveau obligatoire de fonds propres, et que les banques se débrouillent pour l’atteindre.
  • « L’engagement de la Confédération ne générera pas une augmentation durable de la dette, puisqu’il sera compensé par les excédents structurels du budget ordinaire. » Pardon, quels excédents ?! Un tel investissement signifie toujours des dettes supplémentaires ou une augmentation des impôts. La Confédération ne doit pas vendre (ou prêter, pour les optimistes) la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

  • « La Confédération aura son mot à dire sur la politique de rémunération et d’incitation de l’UBS ». Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux, croyez-vous vraiment que cela suffira à prévenir la prochaine crise ? Le signal donné n’incitera pas nos banquiers à réduire les risques, puisque c’est le contribuable qui paie la note.

  • La Banque Nationale garantit 54 milliards pour des actifs pourris et invendables. Ce montant est vertigineux : 3 fois le coût des NLFA, plus que le budget de la Confédération ou environ un quart de la dette publique. Cet argent manquera à la BNS lors de la prochaine crise : que faire si le CS ou d’autres banques veulent aussi vendre des actifs douteux? La réponse proposée est que la BNS emprunte cet argent sur le marché du capital et se fasse rémunérer par la société ad hoc pour ce faire. Mais que se passe-t-il si cette dernière n’arrive plus à honorer ses factures, si les papiers ne retrouvent pas leur « valeur » ? La BNS aura alors hérité des 54 millions de dettes, et ne pourra les financer que par ses actifs et réserves monétaires. Et c’est ainsi que la Confédération, les cantons et le peuple suisse risquent de devoir régler la note.

Hériter des dettes de l’UBS en tant que citoyen suisse est déjà choquant; mais les tentatives grotesques de notre gouvernement de noyer le poisson sont inacceptables.

 

Nos partis gouvernementaux acceptent-ils sans broncher que les gains soient encaissés par les banques alors que les pertes sont supportées par l’Etat ? Est-ce que toute entreprise en difficulté financière pourra faire appel à ce dernier ? Le silence d’Avenir Suisse est assourdissant. Les partis bourgeois qui demandent habituellement un minimum d’ingérence de l’Etat semblent avoir perdu leur voix, tout comme le PS qui ne semble pas se soucier de la charge future qui pèsera lourdement sur les petits revenus.

 

Après le grounding des marchés, le grounding de la politique. Nous devrions tous prendre un moment de silence et demander pardon pour notre gestion désastreuse au Dieu Tout-Puissant mentionné dans le préambule de notre Constitution.

 

Zurich, le 17 octobre 2008 /nh/fb