Le financement politique de l’UBS frôle la corruption

L’UBS veut soutenir les partis qui lui conviennent en leur distribuant un million de francs. Aucune entreprise suisse n’a osé jusqu’ici acheter aussi ouvertement la docilité des politiciens.

Pour le Parti Evangélique (PEV), cela est assimilable à une tentative de corruption. Il est grand temps d’opter pour la transparence avec une loi sur le financement des partis.

Les aumônes des banques, malmenées ces temps par les discussions internationales sur le secret bancaire, sont à la mode – Raiffeisen, Crédit Suisse et UBS s’y sont mises. A la différence des deux premières, qui ne lient leurs dons à aucune condition, UBS déclare vouloir uniquement soutenir les partis « qui s'engagent clairement en faveur de la concurrence et de l'économie de marché ». Stupéfait de la démarche, le PEV constate qu’aucune entreprise n’a osé jusqu’ici se mettre dans la poche les partis de manière aussi insolente.

 

Les partis qui sont prêts à se coucher devant les exigences de l’UBS peuvent s’attendre à une obole. Le message est d’une arrogance quasi féodale : « Nous déciderons si le programme du parti nous semble suffisamment crédible et favorable au marché financier pour être récompensé d’une aumône. »
En ce faisant, l’UBS n’entre-t-elle pas sur le terrain glissant de la tentative de corruption? Le Code pénal maintient sans équivoque dans son article 322quinquies : « Celui qui aura offert, promis ou octroyé un avantage indû à un membre d’une autorité judiciaire ou autre […] sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus. » En d’autres mots : Si l’argent de l’UBS était versé directement à MM. Brunner, Müller ou Darbellay, M.Ermotti irait en prison. Et selon l’article 322sexies les bénéficiers le rejoindraient également.

 

L’approche de l’UBS concernant le financement des partis politiques n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c’est qu’elle se permet d’admettre ouvertement vouloir acheter la politique qui lui convient. Un procédé d’une telle impertinence est unique, de plus de la part d’une banque qui a dû être sauvée de la faillite en 2008 par l'argent des contribuables et dont les conséquences juridiques des pratiques commerciales douteuses occuperont encore l’actualité pendant longtemps. L’UBS aurait-elle encore des cadavres au placard pour afficher un tel besoin de politiciens dociles ?

 

Les dons d’entreprises pour les partis politiques, même sans condition, compliquent la recherche du bien commun; même avec la meilleure volonté du monde, le bénéficiaire aura toujours en tête la réaction possible de son donateur. Pour le Parti Evangélique, le rôle des entreprises est de créer des produits, participer à l’économie de marché, créer des places de travail, faire des bénéfices, payer leurs impôts et s’impliquer en politique via leurs associations faîtières, selon nos règles démocratiques et nos lois. Si une entreprise souhaite soutenir un parti ou un candidat, cela doit se faire dans la plus grande transparence – autrement les accords secrets, le copinage et les dessous-de-table auront raison de la démocratie.
Il est grand temps de clarifier les règles du jeu par une législation appropriée sur le financement des partis.

 

Déclaration d‘indépendance: Puisque le Parti Evangélique ne dispose pas d’un groupe parlementaire, il ne touche, à l’exception de CHF 1230 (contribution Raiffeisen : 615.- par siège au Conseil National), pas un centime de don des grandes banques. Il est ainsi, en ce qui concerne le financement par les banques, un des seuls partis à être vraiment indépendant.